Critiques D’Art

Jean Louis AVRIL (F) – Michel BENARD (F) – Dominique CHAPELLE (F) – Vittorio CRACAS (I) – Charles LESCUYER (F) – Antonio MALMO (I) – Jules de SAINT-AUBIN (UK) – Marie Thérèse TAVEL DE RAVET (F) – Gaëlle TOUTOUS (F) – Thérèse TRANNOY- LE BRUN (F).

Dès le premier regard, nous plongeons dans une réalité stupéfiante. La couleur se joue de la lumière et des matières avec une fluidité déconcertante. Les expériences, signes d’une pratique charnue et d’une maîtrise technique certaine, se mêlent aux découvertes, germes de nouvelles créations.

La présence des œuvres de Stephtout s’impose à nous; elle nous happe, nous emmène au fil des lignes en mélange… Un chaos? Un enchevêtrement inextricable? Un humus fertile assurément, d’où émergent une beauté silencieuse et un souffle vital. Nous pouvons le ressentir telle une douce vibration, presque des picotements à l’arrière du crâne…

Se laisser transporter par cette excitation enivrante qui touche l’essence même de la dignité de chacun, avec joie et simplicité.

Le bonheur.
Car il s’agit bien là de reconstruire, de reformer un tout, une unité. Être un, entier, puzzle aux mille pièces rassemblées. Sur cet itinéraire de perpétuels recherches et étonnements, avec l’artiste, nous avançons, nous explorons des possibles méconnus, ignorés voire refoulés, niés.

Est-ce une re-connaissance de soi-même? Une nouveauté? Une genèse?

Les mots Vivre et Être vibrent à l’unisson et nous révèlent un horizon à la profondeur insoupçonnée, semblant sans fin paradoxalement. Nous rejoignons alors un désir d’éternité enfoui. Si lointain…

Et c’est l’apaisement qui nous accueille soudain.

L’instant de la rencontre s’est mué en présent, à jamais.

Au fond des toiles offertes à nos yeux, nous percevons peu à peu, tout doucement, le vide en nous inscrit. Pas le vide synonyme de néant, non. Le vide qui enfante le sens, le blanc entre les arabesques noires d’une écriture où se nicherait la réalisation secrète de nos rêves enfantins.

Nous croyions savoir, et nous redécouvrons l’émerveillement d’apprendre.

C’est ce qui nous est donné par l’œuvre de Stephtout, qui partage avec nous le frémissement gracile de sa lumière toute intérieure et brûlante.

– Gaëlle Toutous
Poète


Stephtout » Je » d’ombre et de lumière : voyages en atelier

Un condensé d’humanité, alliant mouvement, lumière, obscurité, structure, évanescence, matières, transparences, abstraits, éclats figuratifs…foissonnance et épure…exubérance et vide…oui, un condensé en suspension, dont on savoure les perles de rosée… [Gaëlle Toutous]

Un condensé d’humanité, alliant mouvement, lumière, obscurité, structure, évanescence, matières, transparences, abstraits, éclats figuratifs…foissonnance et épure…exubérance et vide…oui, un condensé en suspension, dont on savoure les perles de rosée… [Gaëlle Toutous]

A mon arrivée chez Stephtout, je ne m’attendais pas à trouver tout l’étage réquisitionné à demeure et disposé, au fil des pièces, en espaces successifs où suivant l’impulsion, son état d’être, elle peut aborder séparément la gravure, la sculpture, la peinture, le collage, le fusain, la photographie…Un ensemble qui regroupe une diversité de disciplines qui n’a d’égale que la variété des sujets et la liberté de sa création.

On dirait des satellites qui gravitent dans un même système. Son art s’inscrit dans la galaxie Stephtout ! Un microcosme qui fait la part belle au » je » de sa mythologie d’artiste.

Cet univers est l’antre d’une peinture d’action, instinctive et toujours teintée d’émotion. Un panorama d’investigation où la frontière n’existe pas entre compositions abstraites et effets figurés des couleurs et de leurs vibrations. Une création représentative d’ une artiste spontanée, audacieuse, passionnée. C’est à l’évidence la clef de cette démarche et aussi parfois, son talon d’Achille vis-à-vis de certaines galeries qui exigent au nom de la cohérence artistique, une ligne créative unique, une inspiration ou un style systématique.

Avant toute chose, Stephtout ressent, hume le sujet qui se propose : » c’est une action sans tension où les degrés de la créativité sont générés sans aucune pensée , ni effort préalable « .

Une fête toujours où s’égaillent les couleurs sous le pinceau, le couteau, le rouleau et les doigts dans l’éclat chromatique, l’incendie des sens et chaque fois une renaissance picturale prodigieuse.

Sa démarche est sincère, assurée, son travail aussi authentique qu’inclassable mais toujours d’égale venue. Si Stephtout est un véritable électron libre dans ce biotope artistique, avec un indéniable talent et toutes les interrogations d’une âme d’enfant, elle nous offre les couleurs de magnifiques réponses.

– Jean-Louis AVRIL
Univers des Arts , juillet- août 2010 n° 153


Une identité picturale en fractales
Peintures de Stephtout, Texte de Charles Lescuyer

Y aller par immersion, en apnée auditive et syntaxique, pour plonger dans la, les profondeurs des formes et des couleurs, en ayant soin d’admirer, vibrations et vertiges, ce fourmillement enluminé « reflet » de notre époque…

Et là, plus de temps mesurable, l’identité des couleurs se fait multiple dans l’ivresse des fonds de ses toiles, et mèle dans une harmonie sans cesse renouvelée l’oxygène de la surface, à la chaleur de l’étuve dans les techniques utilisées, et qui à notre œil défendant, couple le souffle par la beauté unique de chacun de ses miroirs de l’âme.

Mais s’il ne s’agissait que de peinture…et nous sommes pris avec bonheur et délice dans chaque incarnation de nous même, qui se jouant des lois physiques nous fait espérer inconsciemment à la réalité de la projection de Stephtout.

Le moule est cassé, définitivement, et il y a fort à parier de toutes les techniques utilisées, de tous les formats engagés et de toutes les couleurs enrôlées, aucune « apparence » n’est assimilable à une école, à un genre, un style…indatable au carbone 14.

L’or, le papier, le pinceau, les ciseaux, matières émaux…ne forment qu’un, qu’une: elle, Stephtout, il est donc normal qu’une telle sensibilité unique et identique ou semblable à elle même prenne également cette forme étonnante.

Et cette trace laissée dans une œuvre est elle même une manière humble, délicate de signer sans appropriation, la beauté de ce qui nous entoure, n’importe où, à chaque instant, la diversité vivante !

Parler ou écrire sur la peinture de Stephtout, n’étant « qu’ouvrir une parenthèse », je la referme par des mots de gratitude, puisque par spontanéité, la vision de son œuvre, prise autant dans son ensemble que par tableau mouvant, par tableau amorce de réel, elle m’a rendu la faculté de voir et d’embrasser du regard. Attention, pas un baiser furtif comme un bécot dans la tignasse, non! Mais une étreinte avec la vie qui tient de l’embrasement , de l’incendie des sens pour faire revenir à la vie ce qui en chaque spectateur, plus il est éloigné dans sa sensibilité, de l’âge de son enfance: la capacité à s’émerveiller.

– Charles Lescuyer
Philosophe


STEPHTOUT par Jules de SAINT-AUBIN

Avec Stephtout, nous entrons de pleins pieds dans une peinture d’action mais aussi d’émotions.

Nous sommes en présence d’un travail abstrait, même si çà et là, quelques clins d’œil à une figuration atténuée apparaissent.

Les couleurs éclatent dans un rythme puissant avec une substance ample et chargée. Avec vivacité, le jeu chromatique révèle un travail exceptionnellement audacieux dans lequel se résorbe tout effet figuratif. D’abord remarquée par ses dons de coloriste, la qualité de ses constructions n’est pas en reste.

Les violentes oppositions de rouges, de noirs, de bleus et de jaunes ne sont pas sans nous rappeler le travail de Willem de Kooning dans les années 50;

Les effets de matières, un peu à la manière de Jean Fautrier, ne s’apparentent ni au prolongement désespéré hors de la toile du « dripping » de Pollock ou même à la manière de Burry, la matière est travaillée profondément dans ses plus subtiles nuances, et l’on croirait percevoir le lointain écho des illuminations impressionnistes.

L’espace irradie des couleurs impulsives qui semble jaillir de partout. L’artiste s’exprime avec un enthousiasme maîtrisé, les espaces deviennent des champs d’investigation « excitants » que Stephtout envahit avec empressement.

Avec « Composition rouge 1″ nous découvrons des carrés de toiles sur châssis » posés, collés où les rouges orangés se répartissent l’espace dans des jeux d’ombre ou de lumière particulièrement réussis. » Affinité « , » Océan « , » Le marin « , ne sont pas seulement des titres évocateurs, mais de part leurs aplats bien structurés et leur équilibre colorimétrique, évoquent le travail de Nicolas de Staël.

La création reste à l’image de l’artiste, spontanée et audacieuse.

A l’évidence, Stephtout nous propose une œuvre qui porte un courant inédit, qui s’inspire sans doute de travaux que l’on a pu çà et là découvrir, mais qui, reste avec force et conviction nous entraîne sur une voie originale. Les arguments pour s’enthousiasmer ne manque pas et l’artiste a toutes les raisons de conserver cette liberté d’interprétation qui séduit.

Imprévisible et passionnée, Stephtout est portée par une émotion génératrice d’énergie.

L’artiste s’interroge et vous interroge, le doute fait avancer vers les certitudes non sans pour autant supprimer les hésitations.

Un travail de qualité remarquable qui ne saurait tarder à trouver sa juste place sur le marché international et aussi une contribution de premier ordre à l’histoire de l’Art Contemporain.

Jules de Saint-Aubin
Critique d’Art